Déclaration sur la treizième réunion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international (2005) concernant la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19)

0

Le Directeur général de l’OMS a le plaisir de transmettre le rapport de la treizième réunion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international (2005) (RSI) concernant la pandémie de coronavirus 2019 (COVID-19), qui s’est tenue le jeudi 13 octobre 2022, de 12h00 à 16h00 CEST.

Le Directeur général de l’OMS souscrit à l’avis formulé par le Comité concernant la pandémie de COVID-19 en cours et détermine que l’événement continue de constituer une urgence de santé publique de portée internationale (PHEIC).

Le Directeur général de l’OMS a examiné l’avis donné par le Comité concernant les recommandations temporaires proposées. L’ensemble des recommandations temporaires émises par le Directeur général de l’OMS est présenté à la fin de cette déclaration.

Le Directeur général de l’OMS exprime sa sincère gratitude au président et aux membres du Comité, ainsi qu’aux conseillers du Comité.

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus

Compte rendu de la réunion

Le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souhaité la bienvenue aux Membres et Conseillers du Comité d’urgence, tous convoqués par vidéoconférence.

Le Dr Tedros a souligné que les décès hebdomadaires liés au COVID-19 signalés ont atteint des niveaux comparables à ceux du début de la pandémie et que près des deux tiers de la population mondiale ont suivi un premier cycle de vaccination contre le COVID-19. Cependant, il s’est dit préoccupé par les inégalités persistantes entre les pays en matière de couverture vaccinale et d’accès aux traitements antiviraux et thérapeutiques, par la réduction des activités de surveillance épidémiologique et de laboratoire du COVID-19 qui sont nécessaires pour suivre l’évolution et l’impact du virus, et par la suppression de nombreuses mesures de santé publique et sociales en prévision de l’augmentation attendue de la transmission au cours des prochains mois, notamment à l’approche de l’hiver dans l’hémisphère Nord.

Le représentant du Bureau du Conseiller juridique a informé les Membres et les Conseillers de leurs rôles et responsabilités ainsi que du mandat du Comité d’urgence en vertu des articles pertinents du RSI.

Le responsable de l’éthique du département de la conformité, de la gestion des risques et de l’éthique a informé les membres et les conseillers de leurs rôles et responsabilités. Il a également été rappelé aux Membres et aux Conseillers leur devoir de confidentialité quant aux discussions de la réunion et aux travaux du Comité, ainsi que leur responsabilité individuelle de divulguer à l’OMS, en temps opportun, tout intérêt de nature personnelle, professionnelle, financière, intellectuelle ou commerciale pouvant donner lieu à un conflit d’intérêts perçu ou direct. Chaque Membre et Conseiller présent a été interrogé. Aucun conflit d’intérêts n’a été identifié.

La réunion a été transmise au Président du Comité d’urgence concernant la pandémie COVID-19, le Professeur Didier Houssin. Le président a présenté les objectifs de la réunion : donner son avis au directeur général de l’OMS sur la question de savoir si la pandémie COVID-19 continue à constituer une PHEIC, et examiner les recommandations temporaires aux États parties.

Le Secrétariat de l’OMS a présenté une vue d’ensemble du statut de la pandémie COVID-19 et a souligné plusieurs défis à relever dans le cadre de la réponse en cours. La présentation s’est concentrée sur la situation épidémiologique mondiale du COVID-19 ; l’évolution et l’imprévisibilité continues du virus et l’impact des variantes actuelles et futures du SRAS-CoV-2, y compris les lignées descendantes de ces variantes ; la circulation simultanée d’autres virus respiratoires, y compris la grippe ; les progrès vers les objectifs de vaccination de l’OMS contre le COVID-19, y compris les objectifs pour les groupes les plus prioritaires dans tous les pays ; et les scénarios de planification pour la réponse continue au COVID-19 et la fin de l’urgence au niveau mondial.

Session délibérative

Le Comité a reconnu les progrès accomplis dans la maîtrise de l’épidémie dans de nombreux pays, le nombre de cas graves et de décès ayant sensiblement diminué et des niveaux élevés d’immunité de la population ayant été atteints dans de nombreux pays par la vaccination et/ou l’infection, ce qui a permis la reprise de la vie économique et sociale et la levée de la plupart des restrictions liées au COVID-19.

Toutefois, le Comité s’est inquiété du fait que, bien que la troisième année de la pandémie soit bien entamée, des incertitudes considérables subsistent quant à la trajectoire future du virus ainsi qu’aux caractéristiques génétiques et antigéniques et à l’impact clinique des futurs variants. Le Comité reste également préoccupé par les difficultés croissantes à quantifier le fardeau plus large du COVID-19 sur les systèmes de santé, y compris les complications thrombotiques et endocriniennes, ainsi que l’étendue et le fardeau de l’état post COVID-19. Plus largement, les membres du Comité ont reconnu que de nombreux systèmes de santé restent sous pression en raison d’autres urgences sanitaires et de priorités sanitaires concurrentes, en plus des défis posés par le COVID-19. Dans ce contexte, le Comité s’est dit préoccupé par la lourde charge de travail et l’épuisement professionnel qui en découle pour les travailleurs de la santé du monde entier, ce qui entraîne un déficit accru de la main-d’œuvre.

Le Comité s’est également inquiété de la réduction de la surveillance épidémiologique et de laboratoire du SRAS-CoV-2. Cette situation entrave les évaluations des variantes actuelles et émergentes du virus, y compris les évaluations génomiques et phénotypiques, et nuit à la capacité d’interpréter les tendances en matière de transmission et de charge de la maladie. Le Comité a continué à souligner l’importance d’accélérer l’intégration de la surveillance du COVID-19 dans d’autres systèmes de surveillance de routine, y compris l’intégration de la surveillance du COVID-19 dans la surveillance d’autres pathogènes respiratoires, la surveillance communautaire, et l’intérêt potentiel de la compléter par une surveillance des eaux usées.

Le Comité a reconnu le travail en cours de l’OMS et de ses partenaires pour atteindre les objectifs de vaccination recommandés par l’OMS et le SAGE, en particulier l’atteinte d’une couverture vaccinale de 100 % parmi les personnes appartenant aux groupes les plus prioritaires. Néanmoins, des inquiétudes subsistent quant au manque de partage des données nécessaires pour suivre l’évolution des campagnes de vaccination et, lorsque les données sont disponibles, quant aux inégalités persistantes dans l’accès aux vaccins et aux traitements recommandés par l’OMS. Ces inégalités d’accès ont entraîné de nombreux décès liés au COVID-19 qui auraient pu être évités. Le Comité a reconnu que la pandémie continue de perturber les activités de vaccination de routine (hors COVID-19), ce qui s’est manifesté à plusieurs reprises par des flambées de maladies évitables par la vaccination dans des zones où les activités essentielles de vaccination ont été interrompues depuis le début de 2020.

Le Comité a reconnu que de nombreuses politiques nationales relatives à COVID-19 reflètent la perception que l’urgence est peut-être passée et que les gouvernements, les travailleurs de la santé et les sociétés en général ressentent une ” fatigue de COVID-19. ” Le Comité a donc souligné la nécessité d’améliorer l’écoute sociale et l’engagement communautaire afin de mieux adapter les communications sur les risques et de contextualiser les politiques, ce qui aidera les gens à continuer à prendre les mesures nécessaires pour protéger leur santé. Le Comité a souligné la persistance de la désinformation liée à de nombreux aspects de la réponse COVID-19, en particulier les dangers posés par la désinformation omniprésente sur la vaccination, l’hésitation à se faire vacciner et la convergence des efforts anti-vaccination organisés dans de nombreux pays.

 

Statut de l’urgence de santé publique de portée internationale

Le Comité a noté un découplage clair entre l’incidence des cas et la maladie grave, ainsi que les estimations élevées de séroprévalence résultant de l’infection et/ou de la vaccination combinées dans toutes les régions de l’OMS. Les données de séroprévalence ne reflètent pas nécessairement une véritable protection immunitaire, mais semblent refléter une protection contre la maladie grave, et ces études restent importantes pour suivre la réponse immunitaire dans le temps.

En évaluant les critères d’une urgence de santé publique de portée internationale, le Comité a convenu que, bien que le public ait l’impression que la pandémie est terminée dans certaines parties du monde, elle reste un événement de santé publique qui continue d’affecter négativement et fortement la santé de la population mondiale, qu’il existe toujours un risque que de nouvelles variantes exacerbent l’impact sanitaire actuel, en particulier à l’approche de l’hiver dans l’hémisphère Nord (et en tirant des enseignements de l’hémisphère Sud), et qu’une réponse internationale coordonnée reste nécessaire pour remédier aux inégalités d’accès aux outils permettant de sauver des vies.

En conseillant au directeur général de l’OMS que l’événement constitue toujours un PHEIC, le comité a développé les arguments suivants pour étayer son avis.

Premièrement, le découplage évident entre les cas incidents et la maladie grave a donné l’impression aux communautés que l’urgence était peut-être terminée et que les mesures visant à réduire la transmission n’étaient plus justifiées. Bien que le nombre de décès hebdomadaires signalés à l’OMS soit proche du niveau le plus bas depuis le début de la pandémie, il reste élevé par rapport à d’autres virus respiratoires, et le poids supplémentaire des complications liées au COVID-19 et de l’état post COVID-19 est également élevé et son impact complet n’est pas complètement compris. L’évolution de l’épidémie au cours de la prochaine saison hivernale dans l’hémisphère Nord doit également être prise en compte.

Deuxièmement, bien que l’on s’attende à ce que l’évolution du virus se poursuive, les caractéristiques génétiques et antigéniques des futurs variants ne peuvent pas encore être prédites de manière fiable, en partie à cause des lacunes actuelles de la surveillance mondiale qui empêchent l’identification et l’évaluation précoces de ces changements. En outre, l’évolution continue du virus, avec des propriétés d’échappement immunitaire potentiellement accrues, peut poser des problèmes aux vaccins et aux traitements actuels.

Enfin, les inégalités d’accès aux vaccins et aux thérapeutiques contre le COVID-19 persistent entre les pays et au sein de ceux-ci, de sorte que les groupes les plus prioritaires n’ont actuellement pas accès partout à des vaccins et à des thérapeutiques sûrs et efficaces.

Compte tenu des considérations ci-dessus, le Comité a convenu qu’une coordination continue de la réponse internationale est nécessaire pour évaluer de manière fiable l’impact sanitaire de la pandémie, surveiller et évaluer l’évolution du virus et l’impact des futures variantes, intensifier les efforts pour garantir l’accès à des contre-mesures sûres et efficaces, et améliorer les activités de communication des risques et d’engagement communautaire adaptées.

Dans l’ensemble, le Comité a estimé que la situation restait dynamique et nécessitait des réévaluations fréquentes, et que la fin de la PHEIC, lorsqu’elle est jugée possible, devrait être mise en œuvre de la manière la plus sûre possible. À cette fin, le Comité a demandé au Secrétariat de l’OMS de fournir une évaluation et une analyse supplémentaires pour une discussion intersessionnelle afin de soutenir davantage les délibérations du Comité. Le Comité a également recommandé d’examiner les conséquences négatives potentielles de la fin de la PHEIC, ainsi que les dispositions pertinentes du RSI (2005) en ce qui concerne les recommandations temporaires, qui peuvent continuer à être officiellement émises après la fin d’une PHEIC, ou les recommandations permanentes.

La commission a estimé que, compte tenu de la situation actuelle, dans laquelle les efforts de réponse déployés dans de nombreux pays ont permis de réduire la charge de morbidité du COVID-19, mais où les inégalités d’accès aux interventions vitales et les incertitudes quant à l’évolution du virus persistent, les recommandations temporaires exigent que l’on se concentre davantage sur trois priorités essentielles : renforcer la surveillance intégrée et atteindre les objectifs de vaccination des groupes à risque ; continuer à élaborer des stratégies pour améliorer l’accès à des traitements abordables ; renforcer la planification de la préparation à une pandémie, tout en continuant à protéger les populations les plus exposées.

La raison d’être de ces recommandations prioritaires est de veiller à ce que les éléments suivants soient mis en place :

  1. les stratégies, systèmes et ressources appropriés sont en place pour détecter tout changement défavorable dans l’épidémiologie du COVID-19, dû, par exemple, à l’émergence d’une nouvelle variante plus transmissible avec plus d’échappement immunitaire, capable de provoquer une maladie plus grave ;
  2. les États membres ont la capacité nécessaire pour prendre des mesures de santé publique et des mesures sociales en réponse à un nouvel événement ;
  3. la population mondiale est protégée de manière appropriée par un programme de vaccination efficace et équitable ;
  4. des stratégies continuent d’être élaborées pour accroître l’accès équitable à des traitements abordables, et les progrès vers une architecture mondiale robuste de préparation à la pandémie sont maintenus.

Le Comité prévoit que des progrès significatifs dans la mise en œuvre de ces mesures créeraient une situation compatible avec la clôture de la PHEIC liée à la pandémie COVID-19 lors d’une prochaine réunion, et que la situation pourrait continuer à être qualifiée de pandémique même si la PHEIC est clôturée. Le Comité estime en outre que ces recommandations soutiendront la diffusion de messages de santé publique appropriés sur le risque évolutif du COVID-19, malgré la ” fatigue pandémique ” des communautés et des politiques.

 

Recommandations temporaires émises par le Directeur général de l’OMS à l’intention de tous les États Parties

1. Renforcer la surveillance du SRAS-CoV-2 chez l’homme afin de maintenir (ou, le cas échéant, d’améliorer) la capacité de détecter et d’évaluer les variantes émergentes et les modifications importantes de l’épidémiologie du COVID-19 et de s’attacher à mieux comprendre la charge du COVID-19 dans toutes les régions, ainsi que son impact sur la santé et les services de santé publique. Il est recommandé aux États parties de se préparer à une intégration durable de la surveillance du SRAS-CoV-2 dans d’autres systèmes de surveillance, et de mettre en œuvre les directives de l’OMS sur la surveillance de la santé publique pour le COVID-19 – directives provisoires. À l’approche de la saison grippale dans l’hémisphère Nord et compte tenu du retour des épidémies de grippe saisonnière, les États parties devraient intégrer davantage la surveillance du SRAS-CoV-2 et de la grippe en exploitant et en améliorant le Système mondial de surveillance et d’intervention contre la grippe (GISRS), complété par d’autres modèles de surveillance ou études, afin de surveiller la co-circulation relative de ces virus pour éclairer les interventions.

2. Renforcer (ou, le cas échéant, mettre en place) la surveillance de la présence et de l’évolution du SRAS-COV-2 dans les populations animales. Continuer à mener des enquêtes épidémiologiques sur la transmission du SRAS-CoV-2 à l’interface homme-animal et mettre en œuvre une surveillance ciblée sur les hôtes et réservoirs animaux potentiels.

3. Atteindre les objectifs nationaux de vaccination contre le COVID-19 conformément à la stratégie mondiale actualisée de l’OMS pour le vaccin contre le COVID-19 et à la feuille de route pour l’établissement des priorités du SAGE de l’OMS, qui mettent toutes deux l’accent sur la protection complète des personnes appartenant aux groupes hautement prioritaires.

4. Soutenir l’adoption en temps utile de thérapeutiques précises et de tests de dépistage du SRAS-CoV-2, en lien avec les thérapeutiques recommandées par l’OMS. Les États parties doivent permettre aux populations vulnérables, en particulier aux personnes immunodéprimées, d’avoir accès aux traitements COVID-19 et améliorer l’accès à des traitements spécifiques précoces pour les patients présentant un risque élevé d’évolution grave de la maladie. Les efforts mondiaux visant à accroître l’accès à des thérapeutiques abordables doivent être renforcés. Il convient d’encourager et de soutenir la production locale et le transfert de technologie en ce qui concerne les vaccins, les autres thérapeutiques et les diagnostics, car l’augmentation de la capacité de production peut contribuer à un accès équitable aux thérapeutiques à l’échelle mondiale.

5. Maintenir la forte réponse nationale à la pandémie de COVID-19 en mettant à jour les plans nationaux de préparation et de réponse conformément aux priorités et aux scénarios potentiels décrits dans le plan stratégique de préparation, de préparation et de réponse de l’OMS pour 2022 et dans les notes d’orientation sur le COVID-19 récemment publiées par l’OMS.

6. Relever les défis de l’infodémie, de la communication sur les risques et de l’engagement communautaire, ainsi que les perceptions divergentes du risque entre les communautés scientifiques, les dirigeants politiques et le grand public.

7. Continuer à adapter l’utilisation de mesures de protection individuelles efficaces et appropriées pour réduire la transmission, en fonction de l’évolution du contexte épidémiologique, y compris des risques associés aux futures variantes préoccupantes, et de la nécessité d’adapter les mesures de santé publique et les mesures sociales à ces changements, y compris pour les rassemblements de masse.

8. Maintenir les services sanitaires, sociaux et éducatifs essentiels, en particulier l’accès aux services essentiels de vaccination.

9. Continuer à ajuster toutes les mesures restantes liées aux voyages internationaux, sur la base des évaluations des risques, et ne pas exiger de preuve de vaccination contre le COVID-19 comme condition préalable aux voyages internationaux.

Rédacteur en chef du site Polylignes.fr spécialiste de l'économie, il est passionné par l'économie et les nouvelles technologies. Il publie des actualités liées à l'économie, la finance et les technologies.